Un tableau de Modigliani, qui aurait été volé durant la Seconde Guerre mondiale et était séquestré dans les Ports Francs de Genève suite aux révélations liées aux «Panama Papers», a été remis à son ayant-droit le collectionneur d’art David Nahmad, a indiqué vendredi la justice genevoise.
Des vérifications ont été faites et les soupçons qui pouvaient être présents n’ont pas été confirmés. Dès lors le séquestre devait être levé», a expliqué le porte-parole du pouvoir judiciaire genevois, Henri Della Casa.
Le séquestre a été levé lundi, a-t-il précisé, sans donner plus de précision sur la nature des soupçons qui ont mené au séquestre.
Vente forcée en 1944
Le 11 avril dernier, le ministère public genevois avait annoncé qu’une procédure pénale avait été ouverte dans le cadre des révélations liées aux «Panama Papers» «dans le but de procéder à des vérifications en lien avec la présence d’un tableau de Modigliani à Genève».
Cette procédure est désormais classée.
Selon Mondex Corp, une entreprise canadienne spécialisée dans la traque d’oeuvres dont les propriétaires ont été spoliés par les nazis, ce chef d’oeuvre est soupçonné d’avoir été volé à un collectionneur d’art juif qui a fui Paris en 1939.
Vendredi, le quotidien Le Monde revient sur l’affaire et assure que ce tableau «est bien une oeuvre dont le propriétaire avait été spolié».
Selon les différentes preuves obtenues par le journal français, le tableau qui se trouve dans les Ports Francs de Genève (un espace exempté de droits de douane et de TVA) serait bien la toile dont l’antiquaire Oscar Stettiner s’était vu privé lors d’une vente forcée, en juillet 1944.
L’oeuvre en question est «L’homme assis appuyé sur une canne», une toile du peintre italien Amedeo Modigliani (1884-1920), dont les oeuvres atteignent des records lors des ventes aux enchères.
Influent collectionneur d’art
Début avril, des médias ayant révélé le scandale financier des «Panama Papers» avaient indiqué que le tableau était secrètement détenu, via une société offshore créée par le cabinet d’avocats panaméens Mossack Fonseca, par David Nahmad, un influent collectionneur d’art, qui avait affirmé jusqu’à présent que le Modigliani ne lui appartenait pas.
Depuis plusieurs années, la justice américaine tente de déterminer à qui le tableau appartient. Mondex a en effet proposé au petit-fils du collectionneur spolié, Philippe Maestracci, d’entreprendre des démarches pour récupérer le Modigliani.
Devant la justice américaine, les Nahmad ont affirmé que le Modigliani ne leur appartenait pas et qu’il était la propriété d’International Art Center (IAC), une société offshore.
Mais les «Panama Papers» ont montré que les actionnaires d’IAC ne sont autres que les Nahmad eux-mêmes. D’après des documents obtenus par les médias, David Nahmad est même l’unique propriétaire d’IAC depuis janvier 2014. (ats/nxp)