Publié le 15/02/2022 20:51
Video 20h: Document Sur les traces d’un Chagall spolié
Il aura fallu plus de 80 ans pour que des œuvres d’art, volées à des propriétaires juifs par des nazis, soient rendues aux héritiers. Le Sénat doit donner son feu vert, dans la soirée du mardi 15 février, à une loi qui permet la restitution de collections publiques. Parmi 15 œuvres concernées, “Le Père”, de Chagall.
Durant longtemps, il était possible de croiser le regard cerclé de rouge du Père, de Chagall, dans les musées français. À Paris, nul ne savait que le tableau avait été volé. Mais James Palmer, un Canadien qui traque partout dans le monde les objets d’art pillés par les nazis, a fini par le prouver. “Nous avons eu des informations en Pologne, qui nous ont laissé penser qu’un certain monsieur Sander avait été spolié. Au début on a un pressentiment, une idée, une théorie, et au final tous ces indices nous ont permis de le réunir lui et sa famille”, confie James Palmer, président de Mondex Corporation. Une vie entre la France et la Pologne
En 1914, le tableau de Marc Chagall disparaît de Paris, pour une raison inconnue. Il est acheté en Pologne par David Sander, un musicien juif polonais. Lorsque l’Allemagne envahit la Pologne, ce dernier est chassé de son appartement par des nazis. Comme des milliers d’autres, il sera parqué dans le ghetto de Łódź, puis déporté à Auschwitz, en 1942. Sa femme et sa petite fille de deux ans y seront assassinées. David Sander, lui, survivra. Retour à Paris, mardi 15 février. Dans le cabinet de l’avocate maître Melina Wolman, toute l’histoire du tableau s’étale. En 1962, David Sander a déclaré le vol auprès de l’Allemagne, en le décrivant avec des détails précis. Le tableau a quitté la Pologne après la guerre, avant d’être racheté par le peintre lui-même, puis donné au musée de Beaubourg. Le gouvernement rendra le tableau à cinq petits-neveux et nièces de David Sander, décédé en 1966.