Désormais, l’affaire semble entendue. Homme assis (appuyé sur une canne), un tableau d’Amedeo Modigliani au cœur d’une longue polémique judiciaire mise en lumière par les « Panama papers », est bien une œuvre dont le propriétaire avait été spolié. L’enquête internationale sur les paradis fiscaux, à laquelle Le Monde a contribué, avait apporté la preuve que la toile du maître italien appartenait à David Nahmad, le patriarche d’une des plus riches dynasties de marchands d’art au monde. Cette enquête avait montré comment la famille dissimulait ses avoirs derrière une société panaméenne, International Art Center, propriétaire officiel de milliers de tableaux, dont le Modigliani au cœur du conflit. Restait un petit doute : était-elle bien la toile dont l’antiquaire Oscar Stettiner s’était vu privé lors d’une vente forcée, en juillet 1944 ?
C’est aujourd’hui une quasi-certitude. Les avocats de Philippe Maestracci, le petit-fils de l’antiquaire spolié, ont rassemblé suffisamment d’informations pour retracer la trajectoire tumultueuse du tableau, depuis sa réalisation, en 1918 ou 1919, à sa vente à la famille Nahmad, en 1996. Non seulement l’épisode de l’Occupation s’y insère assez naturellement, mais il s’avère directement lié à l’identité de ceux qui, en 1996, ont vendu la toile, chez Christie’s, à Londres, à la famille Nahmad.